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Découverte #16 - Chapitre 1 - CRIMINALS RED

Coucou tout le monde !

Ce soir on met à l'honneur CRIMINALS RED écrit par AMHELIIE

Voici le chapitre 1 !

Le livre est dispo en papier et numérique.

Bonne lecture !





CHAPITRE 1

Agent « spécial » ? Mon cul !

Je suis Red Calvagh, agent du FBI depuis quelques années… bon OK, depuis un peu moins d’une décennie, je n’ai plus à prouver mon talent dans le métier : je suis doué, point. J’ai une carrière exemplaire (enfin exemplaire, tout dépend de « comment » on détermine le mot « exemplaire », dans mon cas, ce serait plutôt une chance de cocu d’être à ce point indispensable à mon patron qui d’ailleurs me passe tous mes débordements). J’ai un potentiel de génie, un don ; je suis fait pour servir mon pays.

J’ai aussi un caractère de merde, je suis « passionné » par mon boulot, pour ne pas dire un bourreau de travail, certains disent que je suis insupportable au quotidien, qu’un éléphant possède plus de tact que ma personne, et que je ne suis pas viable en société. Franchement ? Qu’est-ce que je m’en branle ! Cela ne m’empêche pas d’être apprécié malgré mes défauts, et si ce n’est pas le cas ? Je m’en contrefous aussi. Je ne suis pas là pour être aimé.

Mon coéquipier, Blaine – ancien coéquipier à présent, Red ! – bordel, je ne m’y fais toujours pas, vient de m’abandonner après huit ans de collaboration, pour une retraite bien méritée. Ce vieux bougre va jouer les papys gâteau. D’après lui, c’est une bonne raison d’arrêter de courir après les méchants et manquer de finir dans un cercueil à chaque mission. Certains disent que cinquante-cinq ans, c’est l’âge de raison, je pense surtout qu’il devait en avoir marre d’entendre sa femme lui dire qu’il n’était jamais présent pour sa famille, qu’elle allait divorcer. La grossesse de sa fille ainée n’était qu’une excuse pour rendre son arme et la remplacer par un râteau.

Bordel comme sa vie va être chiante.

Bref, me voilà seul, en solo, et bien content de l’être. J’aimais ce partenariat, parce que Blaine pensait comme moi, mais désormais, je vais pouvoir retourner dans notre ancien département, être en « mission », le genre qui n’apparaît pas forcément sur votre dossier, qui vous fait partir à l’étranger, et connaître à nouveau ce frisson d’adrénaline que les enquêtes de ville sur les cols blancs, les gangs, les fraudes ou les cyber attaques ne me procurent pas. Je vais pouvoir retrouver notre ancien mode de vie et distraire ma vieille carcasse de futur quarantenaire.

En même temps, après avoir connu la peur au ventre au cœur du désert, faut pas s’étonner que les meurtres de serial killer ou les gangs latinos ne me fassent pas flipper.

Mais aujourd’hui, ce n’est vraisemblablement pas ma journée et je crois bien que j’ai de bonnes raisons de flipper.

Comment pressentir une nouvelle qui vous mettra de bonne humeur pour les prochaines heures ? C’est simple, généralement lorsque le patron vous annonce dès votre arrivée au bureau qu’il doit vous parler, sentez venir l’arnaque, la puanteur de l’embrouille et du problème administratif dont vous vous fichez royalement, mais qui va venir vous emmerder. Il n’est même pas huit heures trente, vous venez de retirer votre veste de pingouin, vous n’avez pas eu le temps de vous noyer sous deux litres de caféine pour tenir le choc, d’allumer votre PC qui met trois plombes à fonctionner, et de lire les dernières notes sur votre dossier en cours que le petit stagiaire a rédigé proprement comme si les taches de café allaient faire négligé, que vous êtes directement informé que le grand patron veut vous rencontrer, et c’est rude. Est-ce que moi je parle à un suspect dès le début de sa garde à vue, sans l’avoir fait poiroter deux heures ?

Non, évidemment que non, je le fais poiroter, les coupables sont plus bavards le ventre vide, la langue pendante, assoiffée. N’importe quel Agent le sait.

Mais mon boss n’est pas du genre à vous faire poiroter, la preuve, je suis déjà le cul assis sur l’un des fauteuils dans son bureau, à le regarder retirer sa veste de costume gris bon marché.

Je n’aime pas vraiment mon boss ces jours-là, pourtant, certains le trouvent charmant, certaines plutôt. Les nénettes du bureau doivent lui trouver un côté paternel avec sa taille 50, et le ballon qu’il a gobé au petit déjeuner, sa moustache datant des années soixante-dix et son rire semblable au vieil oncle Sam.

À mes yeux, il n’est qu’un ex-agent incapable d’être sur le terrain faute de capacité physique. Mais il est bon, il a une réelle vision du job, il est du genre à vous couvrir quand vous décidez d’emprunter le sens inverse de la loi parce que c’était plus simple que de se faire chier à attendre un mandat. Il ne dit rien non plus quand vous éteignez les caméras de vidéosurveillance de la salle d’interrogatoire pour « faire parler » un accusé.

Bon OK j’aime bien mon boss dans l’ensemble, mais pas à huit heures du matin sans caféine.

Henderson, le patron du bureau de New York s’installe enfin à son fauteuil en cuir qui fait un bruit sourd sous son poids, il devrait ralentir les Sundaes et les Big Mac.

— Bonjour Red.

Il me sourit le papy, c’est aimable, mais ça ne me mettra pas de bonne humeur. Je desserre un peu ma cravate en posant ma cheville sur mon genou. J’ai l’amère sensation d’être tendu. Pourquoi ? À bien y réfléchir, je ne pense pas avoir faire de « vraie » connerie.

— Henderson, j’aimerais vous dire que tout le plaisir est pour moi de vous voir à cette heure, mais je n’ai pas eu mon café.

— Toujours aussi aimable à cette heure-ci, reprend-il.

— Toujours. Mais peut-être vous allez me donner le sourire ce matin ? je rétorque en souriant faussement.

Et un café ! Je veux mon café bordel !

Henderson se met à sourire à son tour, il marmonne quelque chose que je ne comprends pas, je le vois chercher sur son bureau un dossier, qu’il pose face à lui, avant de me faire face l’instant d’après.

Oh ça sent bon ça !

— Je doute Calvagh.

Je perds toute trace d’excitation. Comment se prendre une claque en une fraction de seconde ? Avoir ce genre de réponse, sur ce ton si désagréable de bon matin.

Je fronce les sourcils, qu’est-ce que je disais ? Ma journée va être pourrie.

— Vous ne me faites pas chier à huit heures pour m’annoncer que je pars en mission ? je le questionne tout de même.

Parce que ça, au moins, ça aurait eu le mérite de me faire sauter au plafond.

— Non.

Henderson me dévisage avec son air sérieux qui commence à m’agacer. Je me demande quel coup foireux on va me faire cette fois-ci. Je les cumule ces derniers temps, tout ça à cause des putains d’envies de Blaine !

— Si c’est pour le dealer, j’ai éteins les caméras de surveillance avant de lui en mettre une, je renchéris.

— Ce n’est pas pour cela.

Je le regarde suspicieux.

— Alors c’est pour les deux trafiquants qu’on a descendu y’a deux jours ? Je suis en infiltration, j’ai presque tous les droits.

— Non plus. Et vous étiez en infiltration.

Je fais un geste de la main pour chasser cette remarque, on m’a jugé trop colérique pour poursuivre. Encore une nouvelle preuve du pourquoi je déteste autant les psys ; leur jugement m’agace profondément.

— La pute ?

— Red…

— L’indic que j’ai…

Henderson m’interrompt en croisant les bras tout en affichant son air confus. Il est perplexe, comme s’il redoutait ma réaction à cette fameuse nouvelle qu’il doit m’apprendre. Ouais, je ne suis pas sûr qu’il soit sincère à cet instant. Et je sens de plus en plus, la merde arriver.

— Ecoutez Red, ce n’est pas pour parler de vos exploits dans une enquête qui peuvent, et ce très régulièrement, dépasser les bornes que je vous ai convoqué.

— Alors éclairez ma lanterne, ne tournez pas autour du pot, je suis flic, pas psy.

Y’en a déjà trop sur cette terre.

Mon boss hoche la tête et me tend le dossier face à lui que j’attrape rapidement. Dossier veut dire mission, ou nouvelle enquête, ou suspect, ou j’en sais rien en fait ! Il m’agace tellement avec ses non-dits que j’en ai mal au crâne. Je n’ai pas fini celle sur le cartel, même si le psy me juge incompétent pour la suite des travaux.

Connard.

— Tenez, lisez ça, m’indique Henderson.

— Vous m’avez dit non pour une mission…

— Ce n’est pas une mission, me coupe-t-il.

Je serre les dents.

— Ça pue votre dossier dans ce cas.

J’ouvre le dossier à la première page et ma réaction ne se fait pas attendre. Je le referme d’un coup sec après avoir lu la première ligne, je me lève de ma chaise d’un bond comme lorsqu’on voit quelque chose qui nous est insupportable à voir. Et ce que je tiens dans les mains, ça l’est.

C’est hors de question !

— C’est quoi ce bordel ! Pourquoi j’ai le dossier d’une femme ! Une flic en plus !

J’envoie le dossier sur son bureau sans avoir eu le temps de regarder la photo, ne manquant pas de faire tomber des cadres et diverses conneries de mon boss, dont la statue« je suis le meilleur papa ».

Henderson ne réagit pas, il se contente de hausser les épaules comme s’il s’était préparé à ma réaction.

— Je pense que vous êtes assez intelligent pour savoir ce que cela veut dire.

Non, d’après mon ancien coéquipier, j’ai tendance à être un abruti quand j’ai envie, et surtout lorsqu’on me prend pour un con.

Je prends appui sur son bureau avec mes mains, optant pour une posture intimidante. Mais qui peut intimider le grand patron ? Personne ! Mais j’ai bon espoir de le faire à cet instant.

— C’est non, je réponds catégoriquement.

Henderson me sourit, oh non, je le vois déjà son jeu, et c’est hors de question.

— Vous n’avez même pas entendu mon speech Agent Calvagh.

— Parce que je n’en ai rien à faire. Vous étiez d’accord avec mon ancien supérieur, cela devait être temporaire avant que je ne reprenne les missions au sein de l’armée, mais je suis toujours agent du FBI à l’antiterrorisme (je ris) non maintenant je suis un plouc qu’on a transféré avec son ancien coéquipier à la crime pour que monsieur Blaine soit plus tranquille. Vous m’avez pris pour un con Henderson pendant huit ans. Cette année, je retourne faire ce que je veux, et je quitte ce trou à rat avec ses affaires miteuses, OK ?

Le regard noir que je lui lance semble l’amuser. Merde, il n’est absolument pas intimidé ! Et ça me met en rogne. On dirait moi avec vingt ans de plus.

Je perds en puissance côté persuasion.

— Vous avez brillé à New York pendant six ans, à l’antiterrorisme, et depuis deux ans à la crime.

— Erreur, je me suis fait royalement chier pendant huit ans, encore plus depuis deux, je réponds d’une voix sèche.

— Ce n’est pas ce que dit votre dossier, vous êtes un Agent de talent.

Merci, ça je le sais. Mais je pense avoir suffisamment supporté cette ville pour mériter une bonne dose d’adrénaline ainsi que de la sympathie. Merde j’ai donné !

— Ne me léchez pas les basques pour m’attendrir Henderson, ça ne marche pas, je lâche amèrement.

— Qu’est-ce qui marche alors chez vous Calvagh ?

J’aimerais bien dire des chattes, mais je serais vraiment vulgaire et je n’aimerais pas le choquer.

— L’adrénaline, je réponds lascivement.

Et les cuisses d’une femme évidemment, ainsi qu’un match de NBA des Chicago Bulls.

— Et bien je vous en donne, poursuit mon boss.

Je crois que nous n’avons pas la même définition du terme « adrénaline ».

— Parfait, mais sans le petit chien. Je ne veux plus de coéquipier, je souhaite rester sur une note positive avec Blaine.

— Ce sera avec l’Agent Silver, ce n’est pas négociable.

Il lâche rien le vieux !

Je passe une main nerveuse dans mes cheveux noirs, j’ai une folle envie d’aller taper quelqu’un.

— Hors de question ! je proteste.

— Et si vous m’écoutiez au lieu de hurler.

Je hausse les sourcils, je ne crie pas.

— Je ne hurle pas, je m’exprime, on est dans un pays libre que je sache ?!

Le regard que mon patron me lance me fait clairement comprendre que mon comportement ne l’amuse plus. Il me fait signe de me rasseoir, je soupire, je n’aime pas me plier. Mais pourtant, je m’exécute, contrarié.

Henderson soupire avant de m’expliquer clairement son point de vue :

— Parfaitement, alors laissez-moi vous dire : Agent Calvagh, vous êtes quelqu’un de compétent, et j’ai… (il saisit le dossier que je lui ai « gentiment » rendu) nous avons besoin de vous. Blaine est parti pour une retraite bien méritée, on ne veut pas perdre les compétences qu’il vous a apprises, le bureau a besoin de votre savoir-faire.

— Mon savoir-faire ? Vous déconnez ? (je le pointe du doigt) Henderson, je vous vois venir, et ça, c’est pire que de me coltiner une nouvelle partenaire.

Mon patron s’appuie contre le dossier de sa chaise, il semble ne pas tenir compte mon avis, ai-je droit de donner mon avis dans cette histoire ? Je commence à en douter.

— Chicago nous transfère l’Agent Tempérance Silver…

Waouh, je l’interromps, j’ai bien entendu ?

— Chicago ? Ces connards qui se prennent pour des Dieux de la gâchette ? Sérieusement, vous voulez m’achever ! Ils sont profondément puérils.

— Vous parlerez basketball Red ! clame Henderson, amusé.

— C’est une femme ! je proteste.

Je baise les femmes, je ne travaille pas avec ! Et je parle encore moins NBA avec elles !

OK mes arguments sont plus que pourris, voir sexistes, mais qu’importe ! Je suis un homme de principes.

Henderson tente de cacher son agacement, c’est drôle comme j’arrive toujours à mettre mon entourage en rogne en l’espace de quelques minutes.

— Je me fiche de votre avis de toute façon Calvagh, vous allez avoir une nouvelle coéquipière, elle vient de finir sa dernière année à l’écoule des FEDS, de recevoir son insigne, et je veux que vous lui appreniez la réalité du métier, le côté clair, mais surtout l’obscur. Vous êtes le meilleur de ce service, vous avez était formé par le meilleur. Vous êtes un agent spécial à nos yeux. Et dans… (Henderson semble réfléchir) neuf mois ou à la fin de l’enquête à laquelle vous serez assignés, lorsqu’elle sera aussi bonne que vous, elle repartira et je remplirai la part de notre marché d’il y a huit ans.

Je tique à ses derniers mots. Je serais dingue de refuser. Qu’est-ce que c’est neuf mois pour retourner à mes passions d’avant ? Ce serait neuf mois à tenir une laisse et à jouer à l’instructeur en expliquant chaque geste, chaque parole et intervention, ce serait avoir un putain de boulet qui respecte la loi à la lettre, adieu l’adrénaline, adieu l’excitation du job… vive l’ennui.

Mon visage se crispe, quelle horreur. Neuf mois c’est long !

— Et si je dis non ? je tente.

— Je vous envoie à la circulation.

— Vous ne pouvez pas.

— Bien sûr que si.

Je serre la mâchoire, le connard me tient. Son sourire et l’air supérieur satisfait qu’il prend me le confirme. Il a ce qu’il veut, il sait que revenir à des missions dangereuses est le putain de sésame que j’attends depuis mon transfert ici.

Je serre les poings en me forçant à afficher un sourire grotesque. Même un aveugle verrait que la nouvelle me reste en travers de la gorge.

— Alors Red ? Votre réponse ?

Henderson lève un sourcil, attendant ma réponse avec une certaine impatience.

Vieux con, je t’aurai un jour.

Comme si j’avais le choix !

— OK.

— Bien, j’en suis ravi !

J’aimerais tellement dire la même chose ! À cet instant, j’imagine une dizaine de châtiments surréalistes pour me venger d’un tel affront. Moi prof ? Je n’étais déjà pas un bon élève, alors qu’est-ce que je vais faire d’un larbin ? Je n’ai pas de tact, je ne m’exprime pas à voix haute, Blaine me connaissait, il savait comment je fonctionnais mais une petite jeune ne le sauras pas. Je ne veux pas former quelqu’un bordel ! Une femme en plus…

Pendant que je rumine assis sur mon fauteuil en tentant de retenir ma colère, je regarde d’un œil mon boss composer un numéro sur le téléphone fixe.

— Oui Maggie, faites la entrer.

Je fronce les sourcils, quoi, elle est déjà là ? Mon cauchemar commence dès maintenant ? C’est un complot !

Henderson me sourit et répond à ma question silencieuse. Bon sang, il va le regretter.

La porte du bureau s’ouvre l’instant d’après, mon attention se porte immédiatement sur mon futur fardeau, et quel fardeau… J’en reste coi.

Un petit bout de femme, pas plus d’un mètre soixante-cinq, en tailleur se tient face à nous avec un large sourire. Elle est blonde, cheveux longs et frange, mince, bien qu’elle ne semble pas grande, elle a l’air musclée comme il faut, sa silhouette est parfaite. Ses yeux sont gris, elle ne porte pas de bague au doigt, son insigne est autour de son cou, son flingue à la taille… et elle est en talons.

En talons! Et elle compte courir comment la miss Amérique ? Sur les mains ?!

Henderson me fait signe de me lever, je soupire et m’exécute, il fait signe également à la pin-up de s’avancer.

Je regarde le véritable canon… non pardon, la véritable gamine qui se tient debout comme un piquet, elle me dévisage du coin de l’œil, un regard digne des plus grandes allumeuses de la planète. Celui des fantasmes masculins, celui qu’on interprète comme un signal d’alarme pour le sexe. Ses yeux gris sont davantage rendus mystérieux avec le fard sombre et le trait noir de maquillage. Sa frange blonde vient nuancer le tout.

Elle s’arrête à mes côtés, elle n’a pas l’air paumée, elle est… à l’aise. Il n’y a que moi qui ne sais plus sur quel pied danser.

Bordel.

Alors que je la scanne au millimètre près, Henderson décide de faire les présentations.

— Agent Calvagh, je vous présente Tempérance Silver.

Je lui jette un coup d’œil, elle ne me tend pas la main, alors je fais pareil. Je ne suis pas celui qui dit bonjour, OK d’habitude je sais être sympa… quand j’en ai envie, mais pas aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui on m’annonce que je vais devoir faire du babysitting alors c’est à la miss de me prouver qu’elle mérite ma sympathie, et visiblement, elle ne risque pas de la gagner.

Face à nous, Henderson, soupire.

— Et bien, on peut dire que ça commence bien, Red…

C’est quoi ce « Red » d’une voix menaçante ! Au diable la galanterie !

— Je suis le plus vieux des deux, c’est à elle de me saluer. Merde, elle est mal barrée si elle ne respecte pas la hiérarchie.

J’entends dans ma tête Blaine se foutre de moi, et l’écho de sa voix me dire : ah parce que toi tu l’as respectée peut être ? Petit con !

Un soupir me fait sortir de mes pensées.

— Vieux et con, génial j’ai hérité du gros lot.

Je me tourne vers la gamine – la jeune femme Red, elle a le corps d’une vraie femme – sa voix féminine à la tessiture… rauque et séductrice. Ce son, je le savourerais bien dans d’autres circonstances et avec une autre femme…

Stop ! Elle ose m’insulter en me traitant de vieux ? Bon sang, elle ne sait pas à qui elle a affaire.

— Et moi d’une môme ingrate, je lance en la foudroyant du regard

— Parfais, le vieux ! Nous sommes quittes comme ça, chacun a trouvé ses marques.

Henderson éclate de rire, en cœur avec la miss Amérique, il se penche pour lui tendre sa main qu’elle accepte de bon cœur.

Garce.

— Bienvenue Tempérance au bureau de New York, je vous souhaite bon courage avec Red. Il n’est pas méchant.

— J’en ai dompté plus d’un.

Ils se serrent la main, rient et se foutent de ma gueule juste à côté de moi, et bien sûr, c’est normal, cette vision ne semble choquer personne ! J’ai l’intime conviction qu’Henderson doit prendre son pied à cet instant, il m’a mis avec un cas visiblement. Parfait ! Je ne vais pas me laisser faire.

— Vraiment tout ceci est n’importe quoi ! (je me tourne pour apparaître dans le champ de vision de la blonde) je suis ton coéquipier et ton « instructeur », tu vas te plier à mes règles et tu vas commencer par descendre de ton nuage, la réalité à mes côtés, elle va faire mal. Maintenant, bouge tes fesses Miss Amérique et suis-moi, on n’a pas que ça à faire !

Je salue d’un signe de la main NOTRE boss, et fais signe à l’Agent Silver de prendre la porte. Cette dernière m’offre un sourire, et se met à marcher vers la sortie d’un pas rapide, tellement rapide que mon regard ne peut s’empêcher de glisser le long de son corps. Mes yeux s’arrêtent sur ses fesses… aie. Vraiment un joli postérieur la miss Amérique…

Génial Red, vraiment génial !

— Bon courage Red.

Je ne me retourne pas vers Henderson lorsque je marche pour quitter le bureau également. Les poings serrés, la mâchoire crispée.

— Vous me le paierez boss, je vous le promets.

***

— Que faites-vous ? me demande Silver lorsque je passe devant elle sans même la regarder.

Elle a trouvé mon bureau et le sien visiblement, en tant que partenaire, on est côte à côte, elle va occuper le coin vide de Blaine, bureau où je me suis soigneusement étalé. Elle aura du ménage à faire la Miss Amérique et je m’en réjouis.

— On va manger, j’ai faim, je réponds d’une voix dure.

— Il est neuf heures pas midi.

Super, c’est une horloge parlante en plus !

— D’habitude je dors encore à cette heure, je lâche.

— Feignant.

Je m’arrête dans mon élan, mon portable dans la main, je lève les yeux vers elle, Silver a toujours son stupide sourire qui m’agace. Sait-elle faire la gueule ? Parce que là on dirait qu’elle a avalé un clown au petit dej et c’est franchement énervant.

— Coincée, je rétorque sur le même ton hautain.

— Qu’est-ce qui vous fait dire que je suis une coincée Agent Calvagh ? renchérit la Miss.

Je lui souris faussement, je laisse ma veste, il fait chaud dehors, maudit soit l’été à New York. Je laisse libre court à mon talent, je n’ai plus de supérieur qui peut me coller un blâme pour irrespect désormais, je peux donc me faire plaisir.

— Le balai que vous avez dans le cul, Agent SILVER, je lance avec plaisir, savourant chaque mot.

— J’en connais un qui le matait avec plaisir mon cul lorsque je suis sortie.

La garce, elle est observatrice.

Ma nouvelle coéquipière enfile sa veste par contre, merde, elle n’a pas réagi comme j’aurais aimé qu’elle le fasse.

Ça va être compliqué.

— Je ne donne pas dans la catégorie Benjamine, je poursuis.

— Ça tombe bien, je ne suis pas gérontophile.

Petite conne, je dois avoir dix ans de plus que toi à tout casser.

Mais Dieu seul sait qu’elle a raison, je n’ai pas pu détourner mon regard de son magnifique cul lorsque Henderson nous a virés de son bureau. Il remplit son pantalon noir et nous appelle à venir le toucher. C’est une belle femme, vraiment, mais elle semble avoir le… même caractère que moi et c’est juste éliminatoire pour moi.

Silver me sort de mes pensées, elle s’est rapprochée de moi, sérieusement, je commence à me demander à quoi elle joue.

— On a perdu sa voix Agent CALVAGH ? Où est-ce votre cerveau de grabataire qui vous joue des tours ?

Putain encore ce regard.

Elle ne devrait pas trop rire la miss, quand on me cherche on me trouve.

— Non, je me disais que j’allais bien t’en faire baver durant ces prochains mois.

Elle éclate de rire, comme si ma menace lui passait au-dessus.

— Vous devriez vous méfier, je ne suis pas celle que je parais être.

— Sans doute, moi non plus, mais crois-moi la miss Amérique, c’est toi qui devrais te méfier car ton arrogance pourrait te mener à ta perte.

L’Agent Silver me sourit, elle est si sûre d’elle, c’est impressionnant… on dirait moi à son âge.

— C’est toi qui vas en baver Calvagh, et ce sera très intéressant.

Elle s’écarte de moi, sa main glisse le long de ma joue râpeuse, elle continue de me sourire, et bon sang ce sourire veut tout dire ! J’ai en face de moi une véritable joueuse, une adversaire de taille, une femme une vraie, le genre qui porte des couilles, et sans doute plus que la plupart des hommes dans ce bureau. Une femme bandante, qui doit avoir un caractère de merde, elle est peut-être même lesbienne ce qui ne m’étonnerait pas mais qui serait vraiment très excitant si nous n’étions pas dans une telle « relation ».

Silver referme sa veste de tailleur noir, se retourne, laissant à ma vue le plaisir d’admirer ses courbes féminines. Ma tête penche sur le côté, je la mate encore et je devrais cesser tout de suite.

Elle s’arrête quelques pas plus loin, tournant la tête pour me faire face, sa voix résonne d’un ton trop aiguë pour exprimer de la sincérité.

— Allons prendre ce café COÉQUIPIER je n’aimerais pas vous voir mourir de faim.

Silver continue sa route vers les ascenseurs, je reste figé quelques instants. Merde, qu’est-ce qu’il m’arrive ? J’ai une coéquipière bon sang ! Une femme ! Je baise des femmes, je sais comment les prendre… OK je ne sais pas les gérer au quotidien, mais quand je veux quelque chose dans la vie de tous les jours, par A plus B je l’obtiens mais avec elle…

Je passe une main nerveuse dans mes cheveux noirs, elle m’agace à me regarder ainsi, à me parler ainsi ! Mais merde, d’où sort-elle ? Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter ça ! Je ne suis pas un prof et je suis encore moins patient !

Je soupire et marche en direction des ascenseurs en faisant un doigt d’honneur à mon connard de voisin de bureau, il se fout de ma gueule et aujourd’hui ce n’est pas le moment.

Lorsque j’arrive au niveau des ascenseurs, Silver m’attend les bras croisés en souriant. Petite conne, je lui ferais bien avaler son sourire et pas à coup de beignets !

Ça y est, j’ai trouvé le premier talent de ma nouvelle coéquipière : c’est une femme. Et pourquoi je pense que c’est un talent ? Parce que je bande depuis la minute où j’ai entendu le son de sa voix, que son rentre-dedans et sa répartie n’ont fait qu’alimenter mon excitation. L’Agent Spécial Silver est une séductrice, et à ce rythme, moi… ben moi, je suis foutu.

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