Coucou tout le monde !
Ce soir on met à l'honneur ADDICTED TO YOU écrit par AMHELIIE & MARYRHAGE.
Voici le chapitre 1 !
Le livre est dispo en papier et numérique.
Bonne lecture !
Seth
CHAPITRE 1
Bienvenue chez ΣAΨ[1]
C’est une certitude, je hais les lendemains de soirée.
Mon réveil me sort d’un sommeil loin d’être réparateur. J’ai l’impression d’avoir à peine fermé les yeux que c’est déjà l’heure de sortir de mon pieu.
Les notes stridentes de la sonnerie viennent torturer mon pauvre cerveau qui tente de survivre aux atrocités qu’il a subi la veille : l’alcool, la musique à fond, l’odeur âcre du tabac sont les résultats d’une soirée encore trop arrosée. De plus, à en croire les gémissements qui résonnent à mes oreilles, mon lit deux places est squatté.
Je tends la main vers ma table de chevet pour éteindre mon maudit portable. À tâtons, je fais tomber des objets qui n’avaient rien à foutre là et qui font un bruit sourd en atterrissant sur le sol, ne manquant pas de me réveiller un peu plus et d’alimenter ma future migraine post-cuite.
Parce que, qui dit alcool, dit forcément cuite, l’un ne va pas sans l’autre et je suis devenu le roi de la gueule de bois du dimanche dans la baraque.
Un corps totalement nu et féminin – heureusement, je crois que j’aurais vraiment touché le fond si jamais je me réveillais à côté d’un mec… n’ai-je pas déjà touché le fond ? – vient se frotter contre moi. Des mains fines et délicates décident de me montrer leur intérêt. Je les sens glisser le long de mon torse, s’approchant dangereusement de mon entrejambe.
Je soupire. Je ne suis pas du matin, ce matin, et la gueule de bois ne me donne pas envie d’user des bons soins de la miss que j’ai ramené dans ma chambre. Même si mon corps me dit le contraire, ma queue, avec sa routine du matin, ne dirait pas non à un coup vite fait bien fait.
Sauf que la soirée est finie et le devoir m’appelle. Si mes souvenirs sont bons, j’ai des choses à faire, la baise devra être remise à plus tard.
Sans même regarder la demoiselle que j’ai baisée cette nuit – ouvrir les yeux me ferait comprendre que la journée est déjà bien entamée et que les dimanches sont des jours pourris où il faut lutter contre les excès de la nuit passée – je lance d’une voix endormie et rocailleuse :
— La nuit est finie. Rentre chez toi, ma belle.
Je sens un regard lourd sur moi, elle a cessé tout mouvement. Je crois qu’elle est surprise de m’entendre dire ça vu ma réputation, je ne suis pas censé repousser des avances aussi directes.
J’ouvre les yeux pour la dévisager, histoire de bien lui faire comprendre que je ne blague pas. Je redécouvre par la même occasion mon coup d’un soir, une petite blonde aux yeux gris, les cheveux en pétard et son maquillage coulant. Elle est plutôt mignonne, dans la catégorie plus que baisable. L’expression qu’elle affiche sur son visage est franchement contrariée. Aïe.
Voyant que je ne coopère pas, l’inconnue d’une nuit – car oui, je cherche encore son prénom depuis deux minutes et il ne me revient pas – sort de mon lit sans délicatesse, tentant de me broyer les couilles au passage.
Typiquement féminin comme réaction.
— OK !
Sa voix ne cache pas sa contrariété, tant pis.
Je ne me gêne pas pour la mater alors qu’elle se rhabille. Elle est vraiment bien foutue, bien que maigrichonne, elle se laisse regarder. Mon sexe ne reste pas indifférent à la vue de ses formes féminines et je remue sous les draps pour ne pas montrer mon excitation matinale. La blondinette cherche ses fringues à travers le foutoir de ma chambre. Elle tombe sur son string rouge et son jean, mettant fin au spectacle.
— Y’a quoi sous la couverture noire ? demande-t-elle, en attachant son soutien-gorge rouge vif.
La nana me montre l’énorme cage près de mon bureau, j’entends déjà les bruits qui proviennent de l’intérieur. C’est l’un de mes plus beaux trésors qui s’y trouve, un trésor qu’elle ne connaîtra pas malheureusement.
— Des objets de torture, je réponds avec sérieux.
La petite blonde se met à ricaner. Dieu, ce que certaines nanas sont stupides au réveil ! Je me demande où je vais les chercher.
Justement, je ne les cherche pas, je prends tout ce qui me tombe dans les bras. Pas besoin de faire le tri dans ce cas. Bien que souvent, ce soit toujours le même type de filles qui m’accueillent entre leurs cuisses.
La nana termine sa chasse aux vêtements, je reste stoïque dans mon lit, je me réveille tranquillement en remerciant le ciel de n’être pas accompagné d’un mal de crâne. Je suis crevé et savoir que je ne retrouverai pas mon pieu avant plusieurs heures me désespère. La semaine s’annonce super longue. Mais il paraît que j’adore cette vie de dingue, donc bon, je ne me laisse pas dominer par mon humeur morose.
Mon coup d’un soir vient s’asseoir près de moi pour mettre ses talons aiguilles, elle, par contre, elle pète la forme.
— Bon, c’était chouette, hier soir, Seth. On remet ça quand tu veux. Tu m’appelles ?
Elle finit par me faire face, un feutre à la main qu’elle a dû trouver dans mon bordel. Sans rien dire, je la laisse écrire sur ma poitrine son prénom et son portable. Elle a l’air ravie que je ne la repousse pas. Il faut dire que Seth Shelton n’est pas réputé pour avoir une petite amie qui dure, mais plusieurs copines qui défilent dans son lit à tour de rôle, et les places sont chères. Être dans le tableau de chasse d’un SAP, et plus précisément de Seth Shelton, est devenu à l’Université un passage presque obligatoire pour toutes les nanas des sororités du campus. Et comment résister à la tentation lorsqu’on est jeune, con, et que les hormones du sexe nous bouffent le cerveau ? Justement, on ne peut pas. On dit amen à tout. Je dis amen à tout. À chacune de mes envies, sans résister.
La miss m’offre un baiser d’au revoir avant de s’éclipser gentiment de ma chambre. C’est dingue comme les femmes changent d’humeur comme moi je change de partenaires.
Je baisse les yeux vers l’encre qui tache ma poitrine, la miss s’appelle donc Candice et m’a laissé son numéro de téléphone qui disparaîtra sous la douche.
J’attrape mon portable et décide de rester encore cinq minutes dans mon lit, histoire de faire redescendre le barreau que j’ai entre les jambes, avec ma lecture journalière des résultats du Basket. Malheureusement, découvrir les dernières nouvelles du monde sportif et voir la défaite des Suns[2] de Phoenix me foutent tellement les boules que je décide de calmer mes nerfs avec l’un de mes nombreux rendez-vous journalier avec ma main.
Être à la fac, me stresse tellement que je n’ai que ça, le sexe et la jouissance pour me calmer. Lorsque j’atteins le point culminant donné par l’endorphine, c’est le pied total.
Une fois mon affaire finie, je sors du lit. Mon corps est courbaturé de la veille, je pue l’alcool et le sexe, des odeurs qui me sont plus que familières. Bordel, les premières fêtes de l’année sont toujours mouvementées. Ce sont des trucs de dingue, les meilleures même, sauf au réveil.
J’attrape un caleçon que j’enfile rapidement avant de me diriger vers la cage. J’en connais une qui va être ravie de voir un peu de lumière. C’est rare que je mette un drap dessus, ce qui veut sans doute dire qu’hier soir, elle était chiante et qu’entre l’envie de baiser et l’entendre jacasser, mon choix a été vite fait.
— Salut, Caroline, je lance en enlevant le lourd drap noir.
— Salut, Seth.
Voici Caroline, ma compagne de tous les jours, qui peut s’avérer être un réel objet de torture quand cette dernière décide d’être pénible. C’est une magnifique ara de treize ans bleue et jaune, tachetée de vert et de blanc. Et le plus marrant ? C’est qu’elle parle.
J’ouvre la porte de sa cage et tapote mon épaule pour qu’elle vienne s’y percher. Généralement, elle ne bouge pas de cette place quand on se balade dans la maison.
Élever mon perroquet a été l’un des meilleurs passe-temps de mon enfance avec le basket. C’est comme ma meilleure amie, même si elle a des plumes, mais au moins, je suis sûr de ne pas la baiser. Ce serait glauque si j’en arrivais là.
Caroline obéit, elle vient se poser sur mon épaule, fière d’elle.
— On va déjeuner Caroline ? je demande en marchant vers la porte.
— Déjeuner, toi, moi.
Je souris comme un idiot en entendant ces mots. C’est presque miraculeux d’entendre une bestiole parler. Caroline parle bien, elle sait tenir une conversation avec des mots simples, et pour en arriver à ce stade-là, j’ai travaillé, sué corps et âme et usé de ma patience. Mais ça valait le coup.
On sort de ma chambre, que je ferme à clé. Je n’ai pas envie qu’un des mecs vienne me faire une crasse, surtout depuis l’emménagement, tout le monde est d’humeur à faire chier tout le monde. Les joies de la coloc ! Je crois que les vacances ont été une source sans fin d’inspiration pour les conneries chez certains.
J’ai à peine le temps de faire trois pas dans le grand couloir du dernier étage, qu’une voix nous interpelle.
— Salut Seth ! T’as survécu à ta nuit ?
Je me retourne et découvre Dax, un deuxième année, il fait partie de l’équipe de football de l’université, avec Austin, Tyler et Konnor. C’est un grand blond baraqué d’un mètre quatre-vingt, tout en muscles et tatoué de partout. Un brave type avec beaucoup d’humour et talentueux. Je le salue d’un geste de la main.
— Toujours en vie, je lance. Caroline, tu dis salut à Dax.
— Salut Dax.
— Salut Caroline.
Le footballeur sourit avant d’entrer dans sa chambre. Nous continuons notre chemin et descendons les trois étages de la maison. C’est une grande bâtisse, comme un ancien hôtel des années 50 – mais restauré. On ne vit pas dans un squat, plutôt dans une garçonnière – qui appartient au campus et qu’on loue depuis des années à l’Université. C’est un « QG » où vingt mecs vivent ensemble, et organisent des soirées de dingue comme hier. La déco est plutôt sommaire et très sportive, des posters de grandes stars, des trophées, de nombreuses portes et salles de bains. Pas mal de bordel à certains endroits, mais c’est cool.
Je descends l’escalier en croisant les deux frères qui viennent d’Allemagne, Claus et Lenz, qui me demandent aussi si j’ai survécu à ma nuit. Cette question commence à m’agacer, et je vais finir par me demander ce que j’ai bien pu faire comme connerie avec l’alcool ingurgité. Si la situation m’a échappé, on dirait que les autres l’ont très bien enregistrée.
J’arrive dans la grande cuisine où, bizarrement, je ne trouve personne. L’inconvénient quand on vit dans une fraternité étudiante, c’est qu’on est certain de ne jamais être seul. Mais vu les quelques souvenirs de la veille qui me reviennent, je crois que la plupart des mecs sont allés dormir dans le lit d’une fille, et qu’ils ne reviendront que plus tard.
Après tout c’est dimanche, personne n’a cours, pas de match, ni d’entraînement. Chacun fait ce qu’il veut.
Je me fais un café tout en préparant le repas de Caroline. Je termine les céréales de Benson et l’inscris sur la liste des courses pour qu’on en rachète demain.
Nous nous installons tous les deux sur le grand îlot central. Lorsque Caroline entend le bruit du verre, elle descend de mon épaule et vient remplir son estomac.
Je finis de me réveiller en mangeant avec les bruits de fond de la maison. Je constate qu’il est presque midi quand la porte de la cuisine donnant sur la rue s’ouvre.
Je me tourne pour voir qui est l’intrus, mais le son de sa voix me donne son identité.
— Salut vieux, t’as encore tes couilles ?
— Couilles ! répète « ma camarade à plumes », Caroline.
Elle est presque pire que moi. Si je suis très porté sur le sexe, ma compagne tente désespérément de me rejoindre dans ce vice.
La pauvre.
Je foudroie du regard Zane qui, à en croire sa tenue, rentre de son footing. Il est visiblement très en forme. Je lui dédie un doigt d’honneur en lançant:
— Oh ta gueule !
— C’est toi qui as baisé toute la nuit, pas moi.
C’est pour ça les remarques de bon matin ? À croire qu’ils ont tous oublié avec qui ils vivaient.
Mon pote termine sa bouteille d’eau avant de s’asseoir en face de nous. Zane Linwood est un grand blond d'environ 1m90 avec un immense tatouage dans le dos représentant une croix du Christ. Il a des yeux vert émeraude, un regard étrange, presque perdu. Il joue dans l’équipe de basket de l’université à mes côtés. Il est Arrière, je suis Meneur. Je le connais depuis toujours, on a grandi ensemble avec Kaleb. Le trio infernal, à peine âgés de 20 ans, les trois meilleurs potes.
Comparé à lui, je mesure 1m88, j’ai les yeux bleus, des cheveux bruns avec la dernière coupe à la mode, pas de tatouages, et je suis aussi bien foutu que lui. Comme tous les mecs vivant dans cette baraque en gros.
Je finis mes céréales alors que Zane essaie de caresser mon perroquet, mais Caroline en décide autrement, elle essaie de le mordre avec son bec, ce qui amuse mon pote.
— Un jour, elle va me bouffer un doigt.
— Comme ça, ça t’évitera de les fourrer n’importe où, je lance en plaisantant.
Je me tourne vers Caroline qui a terminé ses graines.
— Caroline veut manger autre chose ? je demande.
— Caroline manger pomme.
Zane se dévoue et va me laver une pomme. Mon meilleur ami ne prête même plus attention à mon perroquet, il n’est plus surpris de l’entendre parler. Après tout, il l’a vue grandir.
Chaque jour, c’est le même rituel, les mêmes questions la plupart du temps, mais c’est comme ça qu’on peut faire parler son perroquet.
Il revient, me tend la pomme et un couteau. J’entreprends de la couper et donne les morceaux à Caroline, alors que la curiosité de Zane le pousse à me demander :
— Alors, tu m’as pas répondu, t’as encore tes couilles ?
— Tu veux vérifier ? je propose à mon meilleur ami.
— Non, merci, la vision des miennes me suffit.
C’est bien ce que je pensais.
— Où est Kaleb ? je le questionne.
— Il s’est arrêté pour régler un truc en face, chez les filles.
Je souris. On sait tous ce que veut dire « régler un truc avec les filles ». Kaleb est le seul de nous trois à s’être casé avec une des nanas de notre sororité. Le seul « sage ». Il est trop sage à mon avis.
On commence à parler de la reprise de l’entraînement mardi quand un cri digne d’un égorgement résonne depuis l’étage supérieur.
— Les mecs, réunion dans dix minutes ! Le grand patron veut nous parler du Tournoi et des nouvelles du début de mois ! Alors on se bouge le cul et on vient rapidement dans le salon.
Nous nous dévisageons avec Zane, un sourire d’idiot sur le visage. Bordel, comme je l’attendais ce tournoi ! Il ne va pas avoir la même saveur que le précédent, rien n’a la même saveur quand on est les leaders. Tout est beaucoup plus intéressant.
Bienvenue dans mon monde, et plus précisément, au sein de ma fraternité, chez les Sigma Alpha Psi.
***
Sigma Alpha Psi (ΣAΨ) est la fraternité Leaders de l’Université d’Arizona, à Tucson. Cela fait maintenant deux ans que nous détenons ce titre - délicieusement illégal - et nous nous préparons à devoir remettre le trophée en jeu cette année, dans un tournoi qui est tout aussi interdit que le titre en lui-même. En tant que sportifs, le défi de la compétition ne nous fait pas peur, nous avons l’habitude de gérer ce genre d’événements, rien ne nous effraie. L’adrénaline et l’excitation du jeu sont nos drogues et chaque Frère ici présent est plus qu’impatient de défier les autres.
Zane et moi arrivons en dernier dans le grand salon, où poufs, canapés et fauteuils se talonnent pour entrer dans l’énorme pièce. Kaleb n’est pas arrivé.
En face de nous se trouve le Chef de SAP, Austin Tatton, 25 ans. C’est le plus vieux de la fraternité. Il joue depuis quatre ans dans l’équipe de football, c’est même le capitaine. Physiquement, il ferait presque flipper avec son regard et ses cheveux noirs. Il est toujours impeccablement habillé. Les Sportifs et les Élites sont les deux fraternités avec des membres pétés de tunes, ayant une éducation très « respectable ». Ça me fait toujours rire quand j’entends ça, il suffit de nous suivre un mois pour voir qu’on est loin d’être des enfants modèles. Nous ne sommes pas non plus des débiles comme les films aiment à le montrer. Les Fraternités ont des règles que nous suivons scrupuleusement. Chaque événement a une place particulière, quand il faut être sérieux, nous le sommes. Les réunions qui parlent de la Greek Life, sont des moments importants.
— Bonjour, les mecs ! lance Austin.
Nous le saluons tous et lui laissons le soin de nous informer du sujet du jour, à savoir, le début de l’organisation du Tournoi des Fraternités d’Arizona.
— J’espère que la nuit a été bonne pour tout le monde ? Bien qu’elle fut courte pour certains.
J’ignore les regards et les ricanements sur moi. Je commence vraiment à me demander ce que j’ai pu faire hier soir comme connerie. Je demanderai à Kaleb, plus tard, lui me répondra.
— C’est la troisième réunion de l’année et, en ce début de mois d’octobre, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous allons commencer l’organisation du Tournoi des Fraternités du Campus. Seth et moi-même allons faire le tour des Fraternités pour discuter des dates et des épreuves, et nous nous réunirons tous pour le tirage au sort d’ici un mois. Si vous avez déjà des idées, mettez-les dans la coupe, on en discutera rapidement. N’oubliez pas pour autant le Rush[3] des Pledges[4], nos petits derniers de l’année précédente commencent à en avoir marre de servir de bonniche et il est temps de remplacer les chambres vides de nos Alumnae[5]. Langdon, notre Rush chair, va avoir besoin de bras encore, cette année…
Austin continue de nous faire part des nouvelles. La mise en place d’un planning pour le ménage après les soirées, des courses et de toutes les tâches ménagères ou de vie en communauté bien chiante avant l’arrivée des nouveaux. On parle de nos emplois du temps. Nous sommes 20 à vivre au sein de la fraternité, nous représentons les équipes de basket et de football de l’université. La plupart suivent un double cursus grâce à nos bourses sportives. Par exemple, je suis en Astronomie, Zane en sciences humaines et Kaleb en économie. Bien que notre principal intérêt reste le sport.
Beaucoup de questions concernent le Tournoi, Austin reste vague, bien que la plupart des membres aient déjà participé, il y a deux ans. Parfois, on dirait qu’on vit avec des gosses et cet événement va être l’unique centre du monde. Je sens que ça va être sympa.
— Seth ?
Je sors de mes pensées en entendant mon prénom. Le silence est revenu dans le grand salon, tout le monde me dévisage. Je me redresse du pouf et essaie d’entrer dans la conversation.
— Ouais ?
— Tu m’écoutes ou tu étais encore accaparé par tes exploits sexuels ?
Tiens, prends-toi ça dans les dents, Seth.
Je souris, mais au fond, je commence à sévèrement m’inquiéter. Quand je bois avec des filles dans les parages, généralement, je ne reste pas longtemps habillé.
Je ne réponds pas aux piques et laisse mon Chef jouer les perroquets.
— Je disais que, toi et moi, nous avons rendez-vous tout à l’heure avec les Crows et les Geeks pour parler du programme du Tournoi.
Je me décompose la seconde d’après. Je jure en ne cachant pas mon agacement à l’idée d’aller voir les amateurs de noir et les addicts d’Apple. J’aurais presque préféré aller chez les Philosophes. Eux, au moins, ils ne sont pas fermés comme des huîtres dans leur monde. OK ils planent et fument pas mal mais ils sont cools avec leurs idéaux sur la vie.
Ma réaction ne manque pas d’amuser mes camarades.
— Eh oui, mon vieux, c’est ça d’être le bras droit, maintenant, on a des obligations.
J’aurais mieux fait de dire non.
Qu’est-ce que je raconte ? Je suis plus que ravi d’être le bras droit des SAP, c’est dans ma personnalité d’être un leader. Je suis seulement de mauvaise humeur, aujourd’hui.
— Ouais, mais les Gothiques et les Geeks ? Tu veux ma mort ?
— Prends ça comme une vengeance personnelle, mon ami.
— À quoi ? je questionne sur le même ton taquin.
Tout le monde éclate de rire. Austin se redresse de son fauteuil. Il me sourit à pleines dents, et sur son visage c’en est presque flippant. Je crois que j’ai vraiment fait une connerie.
— Tu verras quand t’auras fini de dessoûler et que la mémoire te reviendra mon pote, rien de vraiment différent des deux dernières années.
OK, le message est bien reçu.
Austin ne me dit rien de plus, me laissant gamberger avec ma mémoire noyée sous les effluves d’alcool… et à mon avis, de sexe. De beaucoup de sexe. Je ne vois que ça.
La réunion se poursuit avec Grayson, le nouveau Pledge master – responsable des Pledges –, il me remplace étant donné que j’ai accédé à un nouveau poste au sein de la fraternité. Je tente de réfléchir sur la connerie que j’aurais pu faire. Mais rien ne vient.
Je jure, frustré dans tous les sens du terme. Ma troisième année à la fac sera l’année des résolutions. J’ai déjà donné deux ans avec ce genre de moments embarrassants, le pire c’est que ça m’a forgé une superbe réputation de tombeur et de fêtard, en plus de celle de sportif talentueux. Tout le monde m’apprécie pour ce que je suis… sauf que mon avenir risque de se concrétiser cette année. De plus, j’ai de nouvelles responsabilités, je ne peux pas me permettre de déconner. Et vu tous mes vices et projets, il vaudrait mieux que je m’en débarrasse rapidement.
Je crois que j’ai du boulot !
[1] : Sigma Alpha Psi (S-A-P) en lettres grecques.
[2] : Les Suns de Phoenix sont une équipe de Basket pro en NBA aux USA.
[3] : Période de recrutement, où les candidats posent leur candidature et participent aux activités de recrutement.
[4] : Candidat qui a été accepté pour « s’essayer » à la greek life (vie étudiante selon certaines règles). On rejoint officiellement la fraternité/sororité lorsque l’on devient un membre actif.
[5] : Ancien membre de la fraternité. Lorsque les membres d’une fraternité/sororité terminent leurs études et sont à la recherche d’un emploi, ils deviennent alumnae.
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