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Découverte #13 - Chapitre 1 du livre INSTINCT #1

Coucou tout le monde !

Ce soir on met à l'honneur INSTINCT 1 écrit par MARYRHAGE.

Voici le chapitre 1 !

Le livre est dispo en papier et numérique.

Bonne lecture !




Chapitre 1

Nikita


 

La pièce est plongée dans le noir. J’entends sa respiration qui devient moins régulière, ses mouvements qui font du bruit sous les draps lourds et ses petits gémissements de douleur. Je reste caché dans le fond en attendant qu’elle reprenne ses esprits. Je ne veux pas qu’elle m’aperçoit et d’ici, compte tenu de l’état de ses yeux, je ne risque rien. Elle en a déjà trop vu. Malgré les bleus, malgré les larmes, son regard a capté le mien et si ce n’est sûrement pas suffisant pour identifier une personne, c’est assez pour moi.

Elle se redresse, je ne la vois pas clairement, mais mes yeux habitués à l’obscurité distinguent les déplacements de la masse que forme son corps sur le lit. Elle geint à chaque mouvement et elle met un temps fou à seulement tenter de s’asseoir.

Je détourne le regard comme pour chasser la vue de son corps meurtri, de ses hématomes qui courent partout sur son corps, de ses os fragiles brisés et des cicatrices.

— Ma tête…elle gémit.

Je ne peux m’empêcher de ricaner.

— Ce n’est pas ce qui devrait t’inquiéter le plus.

J’entends un hoquet de surprise de sa part puis le silence.

— Ne crie pas. Je ne te veux aucun mal.

J’attends qu’elle se mette à hurler, à pleurer ou à paniquer. C’est ce que ferait une femme en entendant la voix d’un homme tapi dans l’ombre et dont elle ne sait rien. Les secondes passent et si j’entends sa respiration devenir plus forte il n’y a aucun cri.

— Qui…qui es-tu ? elle demande d’une voix faible.

Celui sur qui tu t’es jetée. Celui qui, malheureusement, a croisé ta route il y a de ça un peu plus d’une semaine et qui, pour une raison qu’il ignore, n’a pas réussi à te laisser à ton propre sort.

— C’est plutôt à moi de te demander qui tu es.

Je ne sais rien d’elle. Une femme tombée du ciel en nuisette de satin, le corps recouvert de traces de coups et des yeux verts qui implorent mon aide, voilà tout ce que je sais.

— Je…je…

J’inspire en gardant mon calme, le réveil doit être difficile pour elle. Ses idées ne doivent pas être claires alors je lui laisse le temps de se concentrer.

— Ton nom ? je demande pour clarifier les choses.

J’entends le bruit synonyme de déplacements dans le lit qu’elle occupe, ses gémissements de douleur et j’espère qu’en bougeant elle n’a pas enlevé la perfusion qui l’aide à combattre la souffrance.

— Ne tente pas de te lever, tu n’y arriveras pas seule. Réponds-moi, qui es-tu ?

Le silence retombe, j’ai l’impression qu’une catastrophe de plus s’apprête à me tomber dessus. Une femme passée à tabac n’ayant pas l’air d’être suffisant pour le moment. Je dois m’attendre au pire, même si depuis dix jours on n’a relevé aucun avis de recherches la concernant, il y a forcément quelqu’un sur cette Terre qui l’attend quelque part. Peut-être celui qui l’a frappée, peut-être des parents, des enfants, une famille. Je dois savoir qui elle est pour agir en conséquence.

— Je ne sais pas.

— Quoi ?

— Je ne sais pas qui je suis. Quand je pense à mon nom c’est le trou noir.

Je ricane en me frottant le visage, il ne manquait plus que ça.

— Je…je ne me souviens de rien.

Je sors de l’ombre et m’approche un peu, pas plus que nécessaire.

— Si tu as peur de celui qui t’as fait ça, il faut me le dire. Je ne peux pas t’aider si tu ne me dis rien.

— Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Sa voix semble désespérée, mais je ne la crois pas. Elle sait. Elle tente seulement de se préserver et elle n’a pas confiance en moi. Ce qui est normal.

— Je ne sais pas, je réponds.

Ce qui est vrai.

— Pourquoi suis-je là ? Avec toi ? Qui es-tu ?

La panique commence à s’installer en elle. Je maîtrise mon envie de la secouer pour lui dire d’arrêter de se foutre de moi et de m’expliquer ce bordel.

— Tu es en sécurité ici.

— Je ne me souviens de rien ! dit-elle en pleurant, de rien du tout !

Ses sanglots semblent réels, mais je me méfie des femmes. J’en ai vu plus d’une jouer la comédie et tenter d’amadouer par leur vulnérabilité.

Le doc a dit que les coups ont été violents, que sa tête a subi un sacré choc, mais que ses jours n’étaient pas en danger. Qu’il fallait lui laisser le temps de se remettre de ses blessures. Il n’a pas parlé d’amnésie.

— Tu t’es jetée sur moi, sur la 24e ouest, il y a dix jours, en me suppliant de t’aider avant de t’effondrer. Tu ne te souviens pas ?

Moi je me souviens parfaitement du colis supplémentaire que j’ai dû ramener avec moi. Pas de témoin, c’est la règle. Mais je n’allais pas tuer cette femme qui me suppliait de l’aider, cette femme que la peur hantait.

— Non ! Je ne me souviens de rien !

Fini la douceur. Je m’approche suffisamment pour qu’elle remarque mon corps et son imposante stature. Je l’entends hoqueter de crainte de nouveau. Elle peut avoir peur, parce que si je n’apprends pas rapidement qui elle est, et malgré le fait que je l’ai fait soigner, je la tuerai. Je n’aurai pas le choix, je ne peux pas laisser un potentiel témoin dans la nature.

— Ne me mens pas ou tu pourrais le regretter.

Mon ton est froid, la menace palpable et de ce que je perçois d’elle, il fonctionne.

— Je…je ne sais pas.

Elle pleure et j’inspire en me disant de ne pas prêter attention à ses larmes sous ses yeux gonflés.

— Très bien, je vais faire venir le médecin.

Je me dirige vers la porte, à l’aveugle, je connais cette pièce par cœur, puisque c’est ma chambre. J’ouvre le battant, le couloir est plongé dans le noir lui aussi.

— Attend ! dit-elle.

Je m’arrête avant de sortir, peut-être que la mémoire lui est revenue.

— Tu peux allumer la lumière s’il te plait.

Son ton est rempli de peur, il me rappelle celui d’un enfant qui serait effrayé à l’idée de découvrir des monstres tapis dans l’obscurité.

Je sors et avant de refermer la porte, caché par cette dernière, je tends le bras pour allumer. Je referme à clef et m’appuie contre le mur un instant. Quelque chose en moi ne demande qu’à la croire, néanmoins, mon instinct me dit de me méfier. Cette femme a vécu un enfer, son corps marqué ne laisse pas de doute là-dessus, son esprit est programmé pour se maintenir en vie quoi qu’il lui en coûte, je ne peux pas lui faire confiance.

Je me redresse et pars en direction du salon principal de la maison. Tout est désert ce soir, je suis seul avec l’inconnue, les gars sont partis récupérer la marchandise pour ensuite rejoindre l’acheteur.

Je sors mon téléphone et appelle le doc. Je tombe sur sa boite vocale où je laisse un message en lui disant de venir rapidement. Je range mon téléphone et me dirige vers le bar pour me servir un verre. J’ai merdé avec elle. Je le sais et normalement je n’aurais pas fait dans le sentimentalisme, je n’aurais prêté aucune attention à ce regard gonflé qui m’implorait. Je l’aurais laissée dans cette rue, à terre, à attendre que quelqu’un à New York veuille bien lui porter secours, ou qu’elle meure. Elle n’aurait pas été mon problème. Ma vie aurait continué son chemin et je ne serais pas là, à boire du whisky à deux heures du matin tout en me demandant ce que je vais faire d’elle.

Je prends mon verre et me laisse tomber sur le fauteuil en cuir confortable. Je joue avec le liquide brun en fixant la fenêtre. Le même décor depuis toujours, un chêne majestueux dont les branches s’agitent sous le vent. Ce décor me détend, il me permet de réfléchir calmement et de me concentrer. Je dois la tuer, je le sais. Faire venir le doc ne sert à rien, la soigner avant de la laisser mourir c’est engendrer des frais inutiles. Pourtant je n’y arrive pas. Quelque chose en elle m’en empêche.

Je bois une gorgée de whisky qui me brûle agréablement la gorge. Pourquoi j’agis ainsi ? Les règles, c’est moi qui les dicte et les respecte scrupuleusement, parce que je dois montrer l’exemple et là, je suis incapable d’appliquer la seule qui ait une réelle importance.

Pas de témoin.

Même si j’apprends qu’elle n’est personne, je ne pourrais pas la relâcher dans la nature.

J’entends du bruit dans le couloir, je tends l’oreille et lorsque je perçois deux séries de bottes sur le parquet, je me détends.

Keme et Lane font leur entrée dans le salon. Je leur jette un regard simplement pour vérifier que tout s’est bien passé. Le hochement de tête de Lane suffit à me le confirmer. Au moins une chose qui n’a pas d’imprévus. La marchandise a été troquée contre du cash qui dort en sécurité dans un endroit sûr.

Lane se sert un verre et Keme vient se planter devant moi. Je lève les yeux sur les siens. Ce noir vide de toutes sensations, de toutes expressions ou d’émotions qui pourraient nous indiquer sur quel pied danser. Keme est sensiblement toujours le même, il ne ressent rien, jamais. Ce qui est utile dans notre milieu, lui n’aurait pas hésité deux secondes pour tuer la fille. Il l’aurait fait, point-barre.

— Elle est réveillée, je lance en affrontant son regard.

Il n’y a rien, ni colère, ni agacement, seulement une envie de meurtre qui ne demande qu’à être assouvie. Un sourire totalement faux s’étend sur ses lèvres allant jusqu’à plisser ses yeux sombres.

— Qu’est-ce qu’elle a dit ? demande Lane en nous rejoignant.

Il se laisse tomber sur le fauteuil à ma droite, sa jambe vient se poser sur l’accoudoir et son verre se vide dans sa gorge.

— Rien. Elle prétend ne se rappeler de rien, pas même son nom.

Lane hausse un sourcil au-dessus de ses yeux bleus.

— Et tu la crois ?

J’ai envie de la croire, mais je sais que c’est un mensonge, une façon de se protéger.

— Non, je réponds.

Keme vient s’asseoir en face de nous sur le canapé, ses grandes jambes s’étendent devant lui, on pourrait croire qu’on s’apprête à prendre le thé quand il sort :

— Tu veux que je m’en charge ?

Lane ricane pendant que je dévisage mon ami. Je ne sais pas si on peut réellement être ami avec un homme comme lui, mais c’est ce qui s’en rapproche le plus compte tenu des circonstances.

— Non. On attend l’avis du doc.

— Qu’est-ce que ça va changer de connaître son nom ? demande Lane, rien. Autant en finir maintenant et nous enlever par la même occasion une épine du pied. La garder ici est déjà bien trop dangereux. Elle t’a vu Nik, on ne peut pas l’épargner.

Je me penche pour poser mon verre sur la table basse, Keme suit chacun de mes mouvements, comme un prédateur traquant sa proie. Je fixe son visage toujours souriant, son crâne brillant sous la lumière de la lampe à sa gauche et, l’idée qu’il pose ses mains sur elle, me révulse. Lane et moi nous contenterons d’une balle, lui prendra plaisir à l’étrangler, à la maintenir en vie, pour ensuite lui couper la respiration de nouveau jusqu’à ce qu’elle meure.

— On attend le doc, dis-je pour conclure en me levant.

— Nikita ? m’interpelle Keme de sa voix profonde.

— Quoi ?

— Tu sais que tu fais une connerie.

J’inspire et garde mon calme, je déteste qu’on me dise quoi faire et comment le faire. Mes décisions sont toujours fondées, mes choix dictés par la nécessité et si je peux épargner une vie, je me dois de le faire.

— Si elle a réellement perdu la mémoire, quand tout lui reviendra tu crois qu’elle ne se rappellera pas de tes yeux, de ça ? reprend Lane en montrant mon visage.

Lane se lève pour s’approcher de moi. Je baisse les yeux pour garder le contact visuel. Son regard bleu s’attarde sur la cicatrice qui coupe mon visage en deux.

— Je le ferai si tu n’en es pas capable et que tu ne veux pas que Keme s’en charge.

Mes poings se serrent, je me retiens difficilement de le toucher, de le secouer violemment et peut-être que je devrais me laisser aller. Évacuer la pression de ces dix derniers jours en me battant me permettrait de garder la tête froide. Mais pas avec lui.

— Si on doit la tuer, je le ferai moi-même.

Lane reste sceptique je le vois, quant à Keme, il s’en fout, il prendra la première occasion pour me remplacer.

— Appelle le doc, qu’il se bouge, je lance avant de sortir pour aller réfléchir là où ils ne sont pas.

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