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Découverte #8 - Chapitre 1 DANGEROUS HEARTBEAT

Coucou tout le monde !

Ce soir on met à l'honneur DANGEROUS HEARTBEAT écrit par AMHELIIE.

Voici le chapitre 1 !

Le livre est dispo en papier et numérique.

Bonne lecture !


Dawn

CHAPITRE 1

Une Journée de Merde

La sonnerie du réveil me sort de ma courte nuit de sommeil d’un bond. J’ouvre péniblement les yeux, la fatigue est bien présente, je ne dors vraiment pas assez ces derniers temps.

Mon corps s’étire dans mes draps, la chaleur humide de ce mois de juillet est en train de me tuer. Je suis pourtant une fille du sud, j’ai grandi dans ce berceau baigné par les plages et le climat équatorial, et plus les années passent, moins je supporte cette chaleur harassante.

Je tends la main pour éteindre ce son qui me casse les oreilles. Il est sept heures, dans une heure et demie, je dois être au bureau.

Je n’ai pas envie d’y aller.

Étrangement, aujourd’hui, j’ai un mauvais pressentiment, comme une impression que cette journée va être désastreuse. Et mon instinct ne m’a jamais trompé.

Sauf pour le papier Richmond, t’as failli griller ta crédibilité et par la même occasion, ta carrière !

Je soupire. Un mois que j’essaie de me sortir cette histoire de la tête, un mois qu’elle persévère… pourtant, c’est fini. Tout le monde semble avoir tiré un trait dessus, mais pas moi, elle persiste à occuper mes pensées.

Je regarde à travers la fenêtre. Je ne suis pas le genre à traîner au lit, je suis quelqu’un d’actif, qui se bouge et qui déteste perdre son temps.

La vue de Miami du cinquantième étage de son immeuble vaut le coup d’œil ; la ville, la plage en fond, le bleu du ciel. Parfois, je me dis que j’aurais mieux fait de devenir mannequin, je passerais ma vie en maillot de bain à faire la belle sur la plage… enfin, non, je n’aurais pas pu. J’ai un souvenir très amer des plages de sable blanc.

Pourquoi je pense à ça ce matin, sérieusement ?

Qu’est-ce que je disais ? Cette journée va être pourrie, même mon subconscient décide de me mettre mal à l’aise en me faisant penser à des choses auquel je ne devrais pas penser.

Je passe une main nerveuse dans ma tignasse auburn en désordre, je vais vraiment devoir me bouger si je ne veux pas arriver en retard, Dom m’a déjà dans son viseur. Je sais que ce connard ne m’apprécie pas, il ne m’a jamais aimé, et depuis que j’ai fauté, il ne me rate pas.

Si dès mon arrivée au journal, cette espèce d’idiot de fils à papa m’a mis des bâtons dans les roues, j’ai toujours réussi à lui prouver que j’étais capable du meilleur, mais depuis l’incident, depuis cette affaire…

Bref, c’est la merde.

Je sursaute en entendant la porte de ma chambre s’ouvrir d’un bond, elle claque contre le mur, et un sourire naît sur mon visage lorsque je vois apparaître Beet.

— Bonjour, mon gros !

Beet. De son vrai nom « Beethoven », ayant un rapport avec le compositeur en question, n’a aucun « art » en ce qui concerne l’émission des sons, si ce n’est aboyer après les oiseaux qui osent se poser sur la balustrade du balcon. La grâce est un terme tout aussi inconnu chez lui, c’est plutôt le genre de chien qui, lorsqu’il a les crocs, préfère vous faire tomber par terre plutôt que d’attendre que vous ayez posé sa gamelle au sol. C’est le genre de compagnon qui aime bien mâchouiller vos Louboutins, je crois que le rouge des semelles doit l’exciter, mais je poursuis cette guerre depuis dix ans déjà ! Je continuerais d’acheter ses chaussures même si je dois créer un dressing suspendu pour que Beet n’ait plus à les attraper.

Je caresse la tête de mon chien, c’est un magnifique Golden Retriever, aux poils noirs. C’est un vieux pépère à présent, et même si parfois, il est pénible, c’est mon « bébé » et je l’aime plus que tout. Il m’a aidé à traverser nombre d’épreuves.

Mon chien décide que j’ai assez perdu de temps, il s’échappe à mes caresses et saisit un bout de mon drap avec ses dents. J’ai, à peine, le temps de réagir qu’il tire dessus pour me découvrir.

— Ça va, j’ai compris ! Je me lève !

Mon chien me jette un coup d’œil. Il remue la queue, fier de lui, et repart aussi vite qu’il est arrivé. Je souris, ce chien a dû être un homme dans une autre vie.

Je me motive et m’assois sur mon lit, continuant de m’étirer. Waouh, on dirait presque que j’ai passé la nuit en charmante compagnie. Sauf que non, je n’ai personne à côté de moi, je suis seule et heureusement. Avoir un homme à mes côtés, ce n’est pas vraiment mon genre. Je préfère être seule que mal accompagnée, et ça depuis douze ans, maintenant. Par contre, me servir des hommes par besoin, parce que nous sommes tous programmés pour ça, je n’ai aucun scrupule.

Baiser pour baiser, oui. Baiser pour ensuite tomber amoureuse et souffrir, non.

Je me lève. Le parquet en bois est chaud sous mes pieds, je constate que la clim ne marche qu’à moitié, comme d’habitude.

Des fois, je me demande à quoi ça sert de vivre dans un appartement dit « de luxe », de payer un loyer abominable pour n’avoir que des emmerdes.

Je sors de ma chambre, et gagne mon salon, la plus grande pièce de l’appart », dans des tons chaleureux, accueillants, modernes. Heureusement pour moi, j’ai de très bonnes connaissances dans le service décoration du journal. C’est Davy et Christina qui m’ont tout refait, je n’ai pas le temps pour traîner dans les boutiques de lampes et de papiers peints. Encore moins l’envie.

Beet me tombe dessus, à nouveau. Il se faufile entre mes jambes, ce qui ne m’aide franchement pas pour accéder à la cuisine où sont rangées ses croquettes.

— Beet, arrête !

Mais mon chien est coriace, je manque de tomber deux fois avant d’arriver à bon port. Je nourris la bête, qui se jette comme un affamé sur sa gamelle. À le voir, on dirait qu’il ne mange pas à sa faim !

Pendant que j’attends mon café, j’appuie sur mon répondeur téléphonique qui m’indique qu’on a tenté de me joindre.

Hier soir, je suis rentrée si tard du bureau que je n’ai pas pris la peine de faire les petites actions quotidiennes. J’ai foncé droit vers ma salle de bains, pris une longue douche, avant de m’écrouler comme une moins que rien dans mon lit.

J’ouvre un paquet de biscuit lorsque le premier message me parvient aux oreilles.

« Vous avez deux nouveaux messages. Hier à vingt heures trente sept... Bip... »

« Salut chérie, c’est Maman. Je constate que tu n’es de nouveau pas chez toi. C’est pénible, tu sais, on ne sait jamais quand te joindre et ton portable te sert d’objet de décoration. Mais passons, j’aurais aimé te parler d’un sujet assez délicat et assez personnel. Rappelle-moi pour que l’on en discute, et vite, non dans une semaine. Nous partons d’ici peu, avec ton père en voyage, j’aimerais te joindre avant. Nous aimerions que cela reste… discret. Chaque jour compte, c’est un service. À bientôt, je t’embrasse, donne-moi vite de tes nouvelles. »

J’efface ce message. J’oublierais de répondre. Ma mère sait très bien que je refuse de devenir le journaliste attitré de mon paternel, il a déjà un très bon attaché de presse qui redore son blason lorsqu’il boit ou fait la fête un peu trop. Je ne veux pas me mêler de ses affaires en politique. C’est son job, moi, le mien, c’est d’éviter d’avoir à écrire des papiers sur des gens qui me sont proches.

Le second message est de la femme qui vient sortir Beet, le matin, elle est malade. Je ne la rappelle pas non plus, je ne vais pas la déranger. De plus, je dois aller me préparer pour partir travailler.

Je termine de déjeuner, j’engloutis un paquet de cookie. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux à faire, mais aujourd’hui, je sens que le sucre va être mon meilleur ami pour tenir et me motiver.

Lorsque sept heures trente s’affichent sur la pendule du four, il faut vraiment que je me bouge sinon, je vais être vraiment en retard.

Je saisis ma tasse de café encore à moitié pleine, je la terminerais en m’habillant. J’enjambe Beet qui comme à son habitude s’est étalé sur le sol de la cuisine, un vrai pot de colle. Je m’apprête à l’envoyer bouler lorsque je manque de trébucher toute seule et laisse s’éclater sur le sol ma tasse.

Beet se lève d’un bond, et moi… je me maudis d’être aussi stupide !

Y’a pas de doute, la journée commence, mais alors SUPER BIEN !

***

J’arrive avec cinq minutes de retard au bureau, il y a eu des embouteillages sur la route, et j’ai cru mourir de chaud dans ma voiture. Miami, c’est bien, il fait beau quasiment toute l’année, il y a un amas de beaux mecs, mais y travailler lorsqu’on risque d’être en retard à son job, qu’on est un bourreau de travail et que notre patron est un con, c’est moins bien. De plus, le Miami Herald est situé en plein centre-ville, dans les quartiers d’affaires, autant dire qu’il y n’y a que des gens pressés et des embouteillages.

J’arrive enfin au Journal. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, croyant ne jamais pouvoir atteindre le secrétariat. Je suis surprise de n’y voir personne, Anna n’est pas du genre à disparaître de son poste surtout en début de journée.

Je manque à nouveau de trébucher lorsque je sors de l’ascenseur. Ce n’est pas vrai ! Mais qu’est-ce que j’ai, aujourd’hui ?!

Je me suis cassé un talon, ce matin en m’habillant, mon chemisier rouge a failli perdre un bouton et mon pantalon de tailleur a manqué de se déchirer lorsque je me suis accroché à la portière de ma voiture.

Journée de merde, qu’est-ce que tu me réserves encore ?

Je marche – non, je cours – vers les bureaux, le journal est sur un étage, et dispose d’une immense salle où sont serrés les uns contre les autres, tous les journalistes, photographes, rédacteurs, chroniqueurs et j’en passe. Nous avons des petits bureaux entassés les uns contre les autres comme dans les films sortis des caméras d’Hollywood.

Lorsque j’arrive dans notre salle commune, je fronce les sourcils en constatant que les journalistes d’actualité et de reportages – membre de ma section dans le journal – sont tous devant un poste de télévision. Les informations passent en boucle chez nous, mais rare sont les fois où ils font ça, à moins qu’il y ait eu un attentat quelque part ou une prise d’otage, ou bien un meurtre…

Je m’avance vers eux, en posant mes affaires sur mon bureau au passage. Je remarque que mes plus proches collègues – et amis – sont là. J’aurais une réponse directe, au moins.

Nous sommes douze dans notre secteur, douze hommes et femmes qui aiment bien se crêper le chignon et se réjouir de la réussite – mais surtout de l’échec – des uns et des autres.

— Qu’est-ce que vous avez tous à être devant cette télévision ?

Je me fais un chemin entre les corps robustes des chroniqueurs et journalistes du Miami Herald. Je salue rapidement ceux qui me disent bonjour avant de me figer à mon tour devant l’écran.

Ce n’est pas vrai !

Brian, des infos en direct du poste de police de la ville…

— Si les Carpenter pensaient terrer cette histoire, et ne sortaient pas de leurs murs, c’était sans compter la police qui n’a pas mis longtemps à avoir une déposition contre le clan…

Mon cœur cesse de battre à la seconde où ce nom de famille est prononcé.

— Nicholas Carpenter, le patriarche de la famille Carpenter a toujours pris un soin fou de régler ses affaires « entre hommes », sans y mêler la police. Et sans attirer le regard des médias depuis plus de trente ans, c’était sans compter l’arrivé de la nouvelle génération fils des Carpenter qui ne cesse de faire la une et d’enclencher popularité au sein de la société. Si grâce à ses jeunes hommes d’affaires, le Groupe Carpenter connaît une hausse de popularité importante depuis six ans, leur image risque de prendre un coup avec leur arrestation de cette nuit.

Aubrey semble m’apercevoir, elle me fait un sourire et un signe de la main, mais je suis trop figée par ce que j’entends. Brian, des infos continue de parler, des photos des quatre jeunes directeurs des différentes parties du Groupe s’affichent sur l’écran, je manque de m’étouffer en les voyants. Ils se ressemblent tous, même regard, même sourire trompeur, ce sont des hommes à tomber redoutables, de vraies gâchettes sur le point d’être actionné derrière une veste sombre.

Pourquoi devaient-ils mettre le trouble chez moi, dans mon journal et dans mon milieu, aujourd’hui ?

— On n’entendait que des rumeurs sur le net, rien de bien concret, étant donné qui ils sont, la presse à scandale en raconte des merdes à leur sujet. Les mafieux à l’Américaine, les a-t-on surnommés.

Je regarde Marco, un de mes amis, il suit les rumeurs d’internet avec attention, c’est son truc pour dénicher les bons sujets.

Marco est d’origine cubaine, il a une sublime peau dorée, un regard bleu, un corps d’athlète, né à Miami, nous nous connaissons depuis cinq ans. Il est arrivé dans les derniers ici. C’est un très bon ami, nous n’avons jamais couché ensemble, je pense depuis toujours qu’il doit être gay, il ne parle jamais de ses conquêtes. Des paris tournent à son sujet dans le journal, j’espère avoir raison ! Cinq mille dollars sont en jeu.

Qu’est-ce qu’on peut être cons, nous, les journalistes !

De plus, sa vie est quasi inexistante sur le net, c’est un as ! Et mis à part ça, c’est un mec en or, investi et toujours là en cas de besoin.

— Ouais, sauf que cette fois-ci, c’est les infos télévisées qui parlent d’eux, ce n’est plus qu’une histoire de rumeurs à la con. La police est chargée de leurs dossiers. C’est que ce coup-ci, c’est du méga lourd !

John, cinquante ans, un homme de terrain, est un journaliste redoutable, et passionné, en tête deux fois pour avoir le Politzer. Une tronche, ce type, il a mon plus grand respect.

— Le journal va être sur le coup, vous pensez ? renchérit Tristen. Après l’affaire Richmond, les Carpenter sont dix fois plus connus et influents, celui qui aura le papier sera bon pour un Politzer, surtout s’il trouve la vérité au même moment que les flics.

— Et pas avant, commente Gavin.

Je le foudroie du regard, il m’en veut toujours pour cette histoire, et n’hésite pas pour me le faire comprendre. Je l’ignore, à vrai dire, cela ne me touche même pas. Je suis bien trop occupé avec l’actualité qui se déroule sous mes yeux.

Je lis sur le poste de télévision les sous-titres : Les enfants Carpenter suspectés de viol et de blanchiment d’argent, une taupe parmi leur rang ?

Je serre les poings. Quelle bande d’abrutis !

Brian, des infos recommence à m’intéresser subitement, il est vrai qu’inconsciemment, j’aimerais savoir ce qu’ils ont fait.

— Si la police les a arrêtés tard dans la nuit dans l’une de leurs boites de nuit, ils devraient être relâchés dans l’après-midi… Oh, suis-moi, ils sont là !

Je vois derrière lui, une foule de paparazzi, d’avocats et d’hommes en costume descendre les marches du commissariat de police. Mon corps se met à trembler lorsque je le vois et instinctivement, je me retourne et pars m’asseoir à mon bureau.

Douze ans et je ne peux toujours pas regarder cette famille…

Surtout, un de leur membre…

J’allume mon PC, sors mes affaires et un paquet de biscuit que je vais picorer toute la matinée. Je vais me mettre à bosser, je dois oublier ce que je viens de voir sinon, je risque de devenir folle. J’ai failli l’être, auparavant, je ne veux pas prendre le risque que cela se passe, à nouveau.

— Ma belle Dawn, ne serait-elle pas gênée ?

Je lève les yeux au ciel et me tourne vers la voix sublime qui vient de résonner à mes oreilles. Aubrey, ma meilleure amie et collègue, une belle femme de vingt-sept ans tout comme moi, de magnifiques cheveux roux, des lunettes de secrétaire sur le nez qui font ressortir ses yeux verts à merveille. Elle est belle et bien foutue, une vraie fille de Miami.

Je lui souris. À elle, rien ne lui échappe.

— Non, ça va, ne t’en fais, pas, je réponds d’un ton las.

— Ouh la, non, tu mens, ma chérie. Je l’ai vu dans ton regard, ce qui vient de se passer t’a troublé, raconte !

— Il n’y a rien à raconter.

Je fais semblant de m’intéresser au document Word que je viens d’ouvrir, espérant qu’elle lâche l’affaire.

C’est perdu d’avance, ma pauvre. C’est Aubrey !

— Dawn, tu les connais, pas vrai ? questionne-t-elle.

Je me retiens de soupirer. Putain, comment a-t-elle trouvé aussi vite ? Je ne suis pas le genre de personnes qu’on arrive à comprendre comme un livre ouvert. Et pourtant…

— Aubrey ! Moins fort s’il te plaît, j’ordonne.

Mais ma meilleure amie n’est pas le genre à lâcher l’affaire, comme n’importe quel journaliste.

— Non, mais tu les connais, n’est-ce pas ? Ce nom me dit quelque chose, et ne va pas me dire « tu les as vus un peu partout dans la ville et dans les horreurs de magazines people que tu lis », ces noms-là, je les ai entendus de ta bouche… Ose me dire le contraire !

Je la foudroie du regard en me tournant à nouveau, mon cœur se serre, la rage commence à bouillir en moi, je savais bien que cette journée serait pourrie, elle avait mal commencé.

Je cherche rapidement un mot, une phrase pour la faire taire et lui montrer que sa question ne me touche pas, mais je reste statique, la bouche béate, comme si cette simple constatation m’avait asséché la bouche.

Bon sang, pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ! Pourquoi un tel coup du destin !

— Dawn ? C’est lui non, le type dont tu m’as parlé…, poursuit la jolie rousse.

Je serre le poing, mon corps entier tremble sous la colère qui menace d’exploser pour de bon. Il faut que je me ressaisisse, je ne suis pas quelqu’un de faible, merde ! Je ne suis plus comme ça. C’est du passé.

Je soupire, et prends un air détaché.

— Effectivement, je les connais.

Qu’est-ce que j’aurais aimé pouvoir dire le contraire, pouvoir lui affirmer que sa supposition est fausse… Malheureusement, c’est la triste vérité.

— C’est donc l’un de ses types…, s’interroge Aubrey.

— Arrête ! Je ne veux pas parler de ça ! je grogne en colère, J’espère que tu n’as rien dit à personne parce que je te jure que si…

— Non, non ne t’en fais pas. Tout ce qui se dit tard le soir après plusieurs shoots de tequila reste tard le soir et ne sort pas de mon petit cerveau. Fais-moi confiance.

Je souffle, soulagé. Je détourne les yeux des postes de télévision accrochés un peu partout, il ne manquerait plus que tout le monde sache.

Aubrey tente de me relancer lorsque je vois apparaître devant mon bureau, l’abomination du siècle : Dominic Osborne, chef de ce magazine, salopard de première. Il est vêtu d’un costume hors de prix qu’il ne sait même pas mettre correctement, son bouc lui donne un air de voyou. Il nous dévisage de haut tout en s’adressant à moi.

Manquait plus que ça !

— Teal, dans deux minutes, je veux te voir dans mon bureau. J’ai à te parler d’une affaire importante. Ne me fais pas attendre !

Sans un bonjour ni un au revoir. Monsieur le pénible part s’enfermer dans sa tour de princesse.

— Bonjour, connard ! je murmure.

Cela semble faire rire ma meilleure amie, qui semble aussi apprécier ma réserve de sucre.

— Tu crois que lui sait ?

— Qu’est-ce que Dom Osborne ne sait pas sur moi ? je questionne.

Aubrey se met à applaudir. J’ai une de ces poisses, moi, aujourd’hui. Il ne manquerait – vraiment plus – , que mon patron sache mon petit « secret » à ce sujet. Ce serait le pompon assuré.

— Ce n’est pas faux. Qu’est-ce que notre maudit salop de boss ne sait pas sur toi ? Je suis certaine qu’il connaît le nom de tous tes amants. La dernière fois, il m’aurait presque sorti ton numéro de sécurité sociale lorsqu’il relisait la maquette du journal de dimanche et qu’il…

Je l’interromps en secouant la tête. Je ne veux pas la voir dans de sales positions avec cet idiot, elle mériterait tellement mieux que cet abruti de première, qui vit avec le fric de ses parents, paye Colton, un de nos collègues pour rédiger l’édito à sa place, et passe le plus clair de son temps à baiser ses employées et à répandre la rage et l’envie de meurtres dans ses locaux.

— Je ne sais toujours pas comment tu fais pour baiser avec lui. Non, franchement, je ne m’y fais toujours pas…

— Je te rassure ; moi non plus, je me pose la question à chaque fois qu’on parle de lui, et puis il me saute, j’ai mon sujet, et un super orgasme et là, je me dis, « Aubrey, c’est quand même un bon plan, ce serait dommage de t’en priver pour son QI aussi petit que celui d’un moineau » (ma meilleure amie hausse les épaules et me pique le dernier biscuit) c’est juste pour le sexe, Dawn, tu devrais être la mieux placée pour me comprendre.

Justement, je ne comprends pas.

— Oui, mais pas avec lui…

— Je te jure qu’il est…

Nous sommes interrompus par la voix la plus odieuse qu’il m’est permis d’entendre un jour, elle n’a rien de sexy, ou d’envoûtant, elle est froide, colérique et incroyablement hautaine.

Je me tourne pour faire face une nouvelle fois à mon patron, il s’est levé de son fauteuil XLL en cuir, et me pointe du doigt en parlant fort comme il aime si bien le faire. Dominic Osborne aime humilier les gens, ses employés surtout, mais avec moi, ça ne marche pas.

— Teal, dans mon bureau ! Je ne devrais pas avoir à me répéter, bon sang ! Achète-toi des tympans, ma chère ! Et un cerveau pendant que tu y es, cela t’empêchera peut-être de couler mon journal avec tes conneries !

Décidément, son principal but dans la vie est de me renvoyer cette histoire en pleine figure ! Est-ce qu’il changera, un jour, de refrain ?

— J’arrive !

… Connard.

Je soupire à nouveau, Aubrey tapote amicalement mon épaule. J’apprécie son soutien même si à cet instant, je regrette de ne pas m’avoir fait porter pâle, j’aurais certainement évité cette conversation… cette découverte à la télévision qui risque de faire remonter à la surface de douloureux souvenir…

Je le savais que ça n’irait pas. J’ai cassé un de mes talons, et laissé tomber ma tasse de café, c’étaient des signes ! J’aurais dû m’écouter.

C’est un peu tard pour se lamenter, ma fille !

— Courage, prie pour qu’il ne sache rien, m’encourage ma meilleure amie.

Je me lève de mon fauteuil et sors de mon sac, le dossier pour mon prochain papier, on ne sait jamais, c’est peut-être de ça dont ce connard voudra me parler.

— Prie pour moi !... Qu’est-ce que je fais s’il sait ?

Question hautement stupide, qui ne sert strictement à rien.

Aubrey a l’air tout aussi incertaine que moi, je me demande pourquoi je lui pose la question, si moi-même, je ne sais pas y répondre !

— Je n’en sais rien… si ça se trouve, il ne te parlera pas de ça…

Je fais la moue. Bien sûr qu’il va me parler de ça. C’est Dom ! C’est un salaud ! Je sais qu’il sait, il sait tout sur tout le monde.

— 60 % de chance que ce soit ça, lance Aubrey.

— 90 %, je rétorque.

— Vendu, tu me payes un café si j’ai raison et qu’il ne te parle pas QUE de ça.

Je hoche la tête et marche en direction du bureau. C’est notre petit truc de journaliste sortant de la fac d’économie et du social, faire des stats sur tout et n’importe quoi. On finit même par s’en faire dans la tête dans n’importe quelle situation. 40 % que ce mec me remarque si je ne roule pas des fesses en passant devant lui, 80 % de chance que ce dernier ressemble à un gros macho qui ne tiendra pas plus qu’une dizaine de va-et-vient, 99.99 % que je termine encore seule, ce soir si je ne trouve pas mieux. Mais ce n’est pas qu’une question de sexe. Avec Aubrey, c’est sur n’importe quoi, n’importe qui. 63 % de chance que les Heat1 gagnent le championnat, 50 % de chance que cette prochaine histoire me fasse un bleu profond à l’âme et que cette fois-ci, je ne m’en remette pas.

J’inspire lorsque j’arrive devant la porte de l’abruti, je prends ma façade de tueuse, celle que j’ai lorsque je veux qu’une source me renseigne, même les inspecteurs de police craignent ce regard et finissent par craquer.

J’entre sans frapper, je ne suis pas son chien à attendre

— Mais je t’en prie, Dawn, entre, ne te gêne pas.

— Merci, je ne me gêne pas, en effet.

Dom se redresse et prend un air ridiculement hautain. Il se met à pianoter sur son bureau hors de prix en verre, pendant que je m’installe sur une chaise face à lui, à nouveau, je n’ai pas attendu d’avoir sa permission pour le faire.

— Qu’est-ce que tu me veux ? Je lance, froidement.

Mon patron affiche un sourire des plus malsains. Je reste impénétrable, sa façon de se comporter avec moi m’agace au plus haut point.

Je croise les jambes en attendant que Monsieur se décide à me parler. J’espère au fond de moi qu’il va continuer de me sermonner sur Richmond et pas sur le prochain sujet d’actualité…

— Je pense que nous devrions parler d’un certain Wolfgang Carpenter, non ? Je crois que tu as des tas de choses à m’apprendre sur ce dernier…

Misère ! Aubrey, qu’est-ce que j’aurais aimé avoir à te payer ce café !

____________________

1 : Les Heat de Miami sont une équipe de basket américain évoluant en NBA.

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